Ferdinand Verbiest
Ici s'ouvre une nouvelle catégorie de ces belges moins connus mais qui méritent une reconnaissance pour ce qu'ils ont fait soit de génial, de saugrenu ou de farfelu.
Ferdinand Verbiest (Pitthem 1623 — Pékin, Chine 1688) est le quatrième enfant de Joos Verbiest, bailli et
percepteur de Pittem. Après ses études secondaires chez les Jésuites à
Bruges et Courtrai, il entre au Collège du Lys à Louvain pour étudier
la philosophie et les mathématiques. Novice, il rêve de participer aux
missions espagnoles comme missionnaire. Après une formation en
astronomie et en théologie à Rome, il est autorisé à partir en 1659,
non pas pour l’Amérique centrale mais bien pour l’Extrême-Orient, où
l’Eglise catholique romaine mène des missions d’évangélisation en
compensation des fidèles qu’elle perd en Europe face à la montée du
protestantisme.
Sa mission en Chine mène Ferdinand Verbiest d'abord
en prison durant six ans. Il est ensuite, à la majorité de l'empereur
Kangxi, nommé président du bureau impérial des mathématiques après que
son titulaire Yang Guangxian eut commis des erreurs et eut été exilé.
Astronome à la cour impériale, il compare le calendrier lunaire
oriental au calendrier solaire occidental et les décrit dans son livre
"Astronomia Europea". Il élabore des calendriers et des tableaux
d’éphémérides, construit des instruments d’astrologie extrêmement
précis et un observatoire. Il veut démontrer l’avance de la science
occidentale comme moyen détourné de promouvoir la religion de
l’Occident. À cet effet, il construit un globe terrestre, des cadrans
solaires, des clepsydres, un thermomètre, une chambre noire et des
pompes hydrauliques contre les inondations. C'est à lui que l'on doit
les instruments en bronze de l'observatoire de Pékin. Une planche
gravée montre cet observatoire dans l' "Astronomia Europae sub
imperator Tartaro Sinico Cam Hy appellato" (1687, petit in-4°). Cette
première édition dont Verbiest est l'auteur est la seule européenne.
Il fabrique même un lointain précurseur de l’automobile en montant une bouilloire sur un petit four et en l’équipant d’une roue à aubes, d’engrenages et de roues. Il fait rouler cette "voiturette à vapeur" pendant une heure dans les couloirs du palais. Mais la découverte de celui-ci en restera là : on la considérait comme un très beau jouet, sans y attacher plus d’importance.
Le prêtre-missionnaire de Pittem acquiert ainsi un grand prestige à la Cour chinoise. Il est admis comme précepteur du mandarin, comme diplomate et cartographe. Il fait également office d’interprète vu ses connaissances du latin, de l’allemand, du néerlandais, du français, de l’espagnol, de l’italien du chinois et du tatar. Il sert même un temps de médiateur diplomatique pendant des négociations avec la Russie. En effet, les jésuites étaient à la recherche d’une liaison rapide entre Rome et Pékin via Moscou en guise d’alternative à la longue et dangereuse voie maritime par le Cap de Bonne-Espérance.